Sunday, June 26, 2011

Semaine 12

Je ne me souviens plus quand j’ai commencé à compter les semaines lors de mon premier mandat au Burkina Faso – mais me revois-là à ce stade …


En fait j’ai fini 90% de mon mandat – tous les outils ont été développés et discutés avec mon partenaire. C’est le 10% qui reste qui peut prendre une éternité car les homologues n’ont pas le temps de s’approprier des outils – de les mettre en pratique et les maitriser – car ils sont occupés à trouver des financements et répondre aux multiples demandes des bailleurs de fonds. Le scénario trop commun est que l’organisation ne trouve jamais le temps de s’organiser et donc atteint très rarement les objectifs fixés par les bailleurs de fonds (parfois en accord avec l’ONG ou organisation de la société civile bénéficiaire) – c’est une roue qui tourne comme ça car je crois que ça fait partie de la « business » de l’aide. Les représentants des bailleurs ont besoins de donner de l’argent pour justifier leurs salaires, et les représentants des bénéficiaires ont besoins d’être aux aguets de fonds pour justifier leurs salaires et leur organisation. Et c’est une grosse « business » et certains salariés font de très bons salaires (15 000 euros/mois ce n’est quand même pas si mal pour combattre la pauvreté…).

Donc puisque j’ai fini 90% de mon mandat – et que le 10% qui reste je ne sais pas quand il sera fini je commence à trouver le temps un peu trop long – je me suis présenté au travail que mardi et jeudi de cette semaine et je ne pense pas que le partenaire là même remarqué. Encore pire, jeudi au travail j’ai lu mon livre et j’ai joué à changer le look de mon blogue (avez-vous remarqué?).

Durant la nuit de samedi mon taximan a eu un accident de voiture – et miraculeusement il n’a pas été blessé mais la voiture est complètement scraper. On a eu une de « ces » conversations et puisqu’il est un homme honnête, et bon père de famille - il a 3 enfants adorables qui sont tellement heureux de le voir quand nous arrivons à la maison (en fait il reste juste en face de la maison que j’habitais avant mon déménagement) – qu’il a eu un certain encouragement de la foté pour acheter une autre voiture (Renault 19 à 273 000 KM)ou il en est propriétaire et non pas une voiture qu’il doit payer plus de 50% de son avoir hebdomadaire – par contre la foté n’aura plus à payer à chaque semaine jusqu’à remboursement du prêt , ou son départ, et ça fait l’affaire des deux – gagnant/gagnant.

Vendredi nous avons été convoqué au bureau du CECI pour discuter de questions de sécurité – donc pas très sécurisant. Depuis les élections du président Alpha Condé il n’y a pas encore eu les élections législatives et il risque d’avoir quelques manifestations dans les rues car le président veut changer ou mettre à jour la liste électorale car il croit que ce sera à son avantage – problème étant qu’il a été élu à cause d’une coalition qui l’a supporté mais ou il est presque assuré de ne pas avoir la majorité aux législatives – une affaire compliquée de politique qui peut créer des « émeutes » donc se tenir loin des foules … et puis il semblerait que quelques personnes qui ont faim se sont trouvés comme boulot le banditisme à mains armées et ils se permettent de rentrer dans les maisons sans même être invités et en plein jour – assez effronté vous ne croyez pas? Donc encore une fois je me trouve prisonnière dans la maison que j’habite – et ça ce n’est vraiment pas le fun. Par contre nous vivons dans un quartier super sécuritaire avec gardien de jour et de nuit et le poste de gendarmerie à 30 secondes – et nous sommes équipées d’un numéro de téléphone vert (un peu comme le 911 mais à 8 chiffres). Donc pas facile mais pas de problème.

Donc avec tout ça (fini 90% boulot et insécurité) – et le fait que Fatim (la dame chez qui je loue une chambre) quitte au mois d’août je pense rentrer moi aussi vers ce temps-là … à suivre.


Bonne semaine à tous. Et particulièrement bon voyage de noce à Catherine et Paul et bon voyage de l'année pour Dorothy et Dave.

Sunday, June 19, 2011

Chaque jour suffit sa peine

Alors j’ai déménagé dimanche et lors de mon dernier blogue je vous ai dit que la saison des pluies était belle et bien entamée et la misère noir pour ceux qui se font inonder. Devinez ce qui suit ….


Il y a eu une grosse pluie pendant des heures, les caniveaux ce sont bien remplis et à 3 heures du matin la cour et le rez-de-chaussée de la maison sont complètement inondés. On entend le vacarme des chaudrons qui tombent car ils sont empilés en hauteur et ne peuvent tenir car ils flottent, on sent une odeur nauséabonde, et les deux jeunes femmes qui aident Fatime avec la maison et sa petite fille sont complètement envahies par l’eau sale et insalubre et marche pieds nus dans la noirceur pour évaluer les dégâts car elles sont au rez-de-chaussée avec matelas au sol et donc les plus sinistrées. Toute la nourriture qui était au niveau plancher a aussi été gâtée. Fatim et moi sommes au deuxième étage alors seulement incommodé par la situation – mais ça pris quand même quelques heures avant que l’on puisse mettre pied à terre au rez-de-chaussée. Les jeunes ont fait venir des renforts (membres de leur famille) pour nettoyer les planchers, murs, rideaux et vêtements et ça pris toute la journée. N’étant plus très jeune a ses avantages car j’ai été épargné à participer au nettoyage – donc j’ai pu me rendre au travail en après midi. La seule chose qui a été pêché est une petite souris. Je peux vous dire que c’est impressionnant d’être inondé d’eau d’égouts (les caniveaux sont les égouts ici).




L'eau avait déjà baissée de moitié lors de la prise de photos et les tuiles sont d'un gris/blanc


Une autre expérience particulière – le lendemain de l’inondation on m’invite à me joindre à un groupe de collègues du bureau pour aller déjeuner (lunch) – près de l’aéroport. On se retrouve dans un petit emplacement ou le menu est en fait une variété de plats tous cuisinés à l’extérieur par différentes femmes (avec différentes installations plus ou moins désirable) et on est assis sur des bancs avec une table dans un container … oui oui dans un vieux container. J’aurais tellement voulu avoir ma caméra, mais faite vous-même un portrait mental et c’est probablement près de la réalité.

Les avantages de ma nouvelle demeure – je suis traitée comme une princesse car on prépare mes repas (et on fait les achats et la vaisselle), lave mon linge et nettoie ma chambre – donc les seules activités que j’avais sont maintenant pris en main. Il reste vraiment que dodo-boulot. Il semblerait que les personnes d’un certain âge ne sont plus supposées faire des tâches ménagères.

Un peu d’histoire pour vous sensibiliser.

Le Camp Boiro à Conakry, quelques coins de rue de ma demeure de la Camayenne (photo pas permise). Aujourd’hui ce camp a été complètement mis à neuf depuis 2008 et donc cache une histoire assez sombre et barbare. Ce camp a toute une réputation d’être un lieu de torture et de mort pour tous ceux accusés (justement ou injustement) de comportements inacceptables pour le régime de Sékou Touré (1958 à 1984). Ce camp était à ciel ouvert donc sujet à toutes les intempéries et les tortures étaient souvent sous forme de brutalités physiques et sexuelles et de famine (diète noire) ou les corps pourrissaient dans un enclos surpeuplé. Selon Amnistie International plus de 50,000 personnes auraient donné l’âme au camp Boiro et autres camps similaires en Guinée.

C’est de la petite bière comparativement à plein d’autres atrocités qui ont eu lieu en ce continent. Les multiples guerres civiles, les guerres entre ethnies et/ou religions, les génocides, les guerres de pouvoirs pour accéder à la dictature motivées par des intérêts propres, les famines délibérément causées ou ignorées, les ingérences capitalistes et communistes, les mensonges, la corruption et accumulations de fortunes personnelles au détriment des peuples, l’aide humanitaire détournée pour l’achat d’armes, la pandémie VIH/SIDA trop longtemps réfutée etc. ont occasionnés des dizaines de millions de morts dans les derniers 50 ans.

La plupart des pays Africains ont un niveau de vie inférieur à celui de 1980 et parfois même inférieur à 1960. La moitié de sa population de 880 millions vie en deçà du seuil de pauvreté; contribution économique du continent entier est de 1.3% de PDB du monde soit moins que le Mexique; c’est le seul continent ou l’analphabétisme est encore chose courante; les 25 pays qui figurent aux rangs les plus bas sur la liste IDH (Index du Développement Humain) des nations unies sont de l’Afrique – et ce malgré les plus de $300 milliards US et plus investis.

Comment l’Afrique va s’en sortir avec ces apprentissages et qui continue à souffrir de comportements encore redoutables dans bien des coins? Si quelqu’un a la réponse j’aimerais bien la connaître.

Sunday, June 12, 2011

Mission à Labé et déménagement

La semaine dernière j’ai fait une petite mission de 3 jours à Labé pour rencontrer la cellule technique régionale (CTR) de la Moyenne Guinée ainsi qu’assister à une auto-évaluation d’une union paysanne. On m’a avisé moins de 24 heures avant mon départ alors comme à l’habitude il faut changer nos plans en fonctions de ceux qui nous sont donnés – ce qui est le plus prévisible c’est qu’il n’y a rien de planifié bien à l’avance alors aussi bien de ne rien planifier non plus. Ce n’est pas toujours évident et un ajustement, mais c’est aussi un ajustement quand on retourne au bercail ou tout est planifié.


La mission à Labé a été super intéressante et très instructive au niveau boulot mais aussi de faire l’expérience du social à la guinéenne. Nous sommes partis très tôt le matin (6h30) – 4 dans un minivan, conversation en français et un très bon chauffeur alors le déplacement a été agréable et nous sommes arrivés à destination à une heure très respectable (14h30). On a une rencontre avec la CTR et ensuite mon homologue Lucien nous fait part que nous sommes invités à diner chez son beau-père alors on accepte pour ne pas blesser (mais je fais très attention à ce que je mange). La conversation est d’abord amusante ou on se taquine un peu entre français de France et français du Québec mais avec certaines flèches bien ciblées pour nous différencier. Ensuite on nous invite à l’ordination d’un des fils du beau-père qui sera reçu prêtre dans quelques jours alors un parle un peu de religion. Le beau-père nous parle de ses voyages au Brésil et au Canada mais pas certaine des motifs de ses voyages – et de ses exploits en Afrique car il est Colonel Pépé et est très fier que lors de la guerre civile au Rwanda il a personnellement sortie 250,000 Hutu pour les sauver des Tutsi et qu’il serait prêt à retourner pour faire la guerre car il aime la guerre – toute une conversation de passer de l’ordination de son fils au génocide du Rwanda avec un de ses participants.

Le lendemain en matinée nous avons une rencontre de céduler avec la CTR pour 8h30 mais une fois arrivée on nous avise qu’un collègue de Conakry est présentement à Labé pour la cérémonie de fin de deuil des épouses de son père et que nous devrions aller payer nos respects (et comme la coutume oblige une petite collecte est faite pour présenter au chef de la famille). Donc on se rend et on attend que les prières soient finies pour ensuite se retrouver dans une chambre à coucher en train de manger du riz avec lait caillé (non merci). Donc 2 heures plus tard on retourne au bureau pour entamer notre réunion qui est en fait pour prendre le pouls des activités et poser des questions. Et là le français et la québécoise se sont un peu bousculés. La québécoise pose une question et le français vient interrompre pour lui dire que la question devrait être posée autrement. La québécoise lui dit gentiment qu’elle aimerait bien qu’on réponde à sa question telle que formulée et lui insiste qu’elle doit la poser autrement – alors elle a réagi en lui faisant savoir que c’était sa question et qu’elle allait la poser comme bon lui semble à elle et non à lui mais qu’il pouvait poser ses questions comme bon lui semble à lui. Malheureusement une petite situation tendue mais des fois les m..... français sont chiants.

Ensuite on va déjeuner vers 13h00 avant de se rendre en brousse assister à une auto-évaluation d’une union paysanne – et là on ne parle pas français mais on est assez gentil pour traduire et nous avons là encore l’opportunité de poser des questions – mais cette fois-ci sans interruption (juste un peu de grincements des dents de mon voisin). Après la réunion on nous invite pour manger encore du riz sauce et Lucien nous averti que son beau-père nous attend encore pour le diner – de la bouffe et encore de la bouffe (et en fait pas de la très bonne bouffe). Toute activité est accompagnée d’un élément social ce qui est gentil mais pas nécessairement une bonne gestion du temps et pas nécessairement très productif. De 7h30 du matin jusqu’à 20h00 j’étais assise devant 5 repas de riz.

Le retour sur Conakry fût aussi une expérience. Le français aime parler mais pas trop fort sur l’écoute et j’ai l’impression qu’on n’a pas fini de se poigner le bec parce que nos mandats sont possiblement un peu trop pareil et on n’a pas du tout la même approche – à suivre… Aussi pour le retour nous avions un 5e passager, un jeune cousin de Lucien d’environ 12 ans, qui n’a pas trop l’habitude de voyager et a eu le mal de cœur durant toute la route donc arrêts fréquent (pauvre petit bonhomme)- mais Lucien (un homme de 30 ans et costaud) a piqué une petite crise de nerf en faisant savoir que lui n’allait pas endurer le voyage comme ça et que le petit est mieux de s’ajuster en conséquence. Une chance qu’il y avait d’autres personnes dans la voiture parce que je pense que le petit aurait mangé une volé et pour raisonner avec Lucien que malgré toute la bonne volonté de quelqu’un on ne peut pas retenir le vomissement et que le petit ne fait pas exprès.

Il y a environ 3 semaines la colocataire française a quitté la maison et a imposé aux 2 autres colocataires une situation financière un peu stressante. Avant mon départ hâtif vers Labé ma colocataire (la patronne de la maison) m’a demandé de soit 1) partager les coûts de la maison, ce qui faisait que mon loyer plus que doublait et prenait environ 65% de mon allocation mensuelle, ou bien soit 2) de quitter le plus tôt possible même si j’avais payé jusqu’à la mi-août (on allait me rembourser). Donc il fallait que je trouve une solution vite et heureusement (j’espère) il y a une autre coopérante du CECI qui avait une chambre à louer – on s’est rencontrée la veille de mon départ pour Labé pour conclure l’entente - j’ai fait un lavage et pacté mes petits pour être prête à déménager dès mon retour. J’ai aménagé aujourd’hui même. La maison est vraiment belle et éclairée, ma chambre est spacieuse avec balcon et avec le deal on me prépare mes repas du soir et les week-ends. Seuls inconvénients : pas de clim, électricité sporadique et parfois pas d’eau – comme au Burkina Faso et comme 90% de la population à Conakry (probablement comme 98% de toute la Guinée). Je pense que je vais être bien ici, et puisque c’est une maison que avec des musulmanes pas de boissons alcoolisées.
Ancien quartier - La Camayenne




Nouveau quartier - La Minière



La saison des pluies a bel et bien commencé donc de la misère noire pour tous ceux qui sont sans abris ou qui sont dans des abris qui ont des d'inondations car quand les canivaux sont trop pleins et bien tout ce qui y a été déposé durant les derniers mois se retrouve dans ces maisons - vous pouvez vous imaginer l'insalubrité.


Bonne semaine à tous.