Sunday, May 9, 2010

Du Purgatoire à l'Enfer

BONNE FÊTE DES MÈRES à toutes celles qui son maman – j’espère que vos enfants et vos maris (si vous en avez toujours un) vous ont bien choyés.

Cette semaine je suis retournée à Ouaga pour 3 jours et je me suis retrouvée en enfer. Il faisait tellement chaud, 45˚C à l’ombre et il n’y a pas d’ombre à Ouaga. Je suis arrivée mardi tard en après-midi (trajet prend 5 heures ++ déplacements de la gare TCV à la maison) et après avoir fait quelques emplettes pour mon séjour de 3 jours je suis rentrée à la maison pour prendre une bonne douche et à ma grande déception il y avait coupure d’eau – je savais que j’étais de retour à la maison, Ouaga cette merveilleuse capitale du Burkina Faso. En soirée j’ai invité des copains/voisins pour se joindre à moi pour le souper et surprise coupure d’électricité. Le lendemain je me rends aux bureaux de VSO car je faisais parti du panel de recrutement du nouveau Programme Manager Participation & Gouvernance – et bien la journée c’est passée dehors, au deuxième étage parti non complété des bureaux (ça l’air d’un champ de construction) ou nous avons fait nos entrevues et les candidats ont faits aussi leur test de groupe – car coupure d’électricité de 7h30am à 17h00 (et +?). Encore une journée à me sentir complètement vidé par la chaleur et collante donc je veux prendre une douche en rentrant à la maison et je suis réduite à prendre un petit bain éponge dans une salle de bain qui fait 1m² en essayant de ne pas me cogner sur le lavabo ou la toilette. Rendu à Jeudi j’étais tellement écœuré et heureusement la journée c’est bien passée car on a eu de l’électricité toute la journée au bureau (ce qui veut dire de la clim) – de l’eau à la maison pour une bonne douche – et de la bière froide pour se désaltérer.

Ma conclusion de cette petite histoire est que Bobo-Dioulasso est le purgatoire (35˚C) et Ougadougou est l’enfer (45˚C et pas souvent d’eau). J’ai vraiment hâte que la saison des pluies s’installe pour une certaine période afin de se rafraichir un peu.

De retour à Bobo – qu’elle différence ou on peut s’asseoir dehors à l’air frais car il pleut et pas besoin de la clim le soir pour dormir parce qu’il fait frais – le bonheur au purgatoire.

Mais à Bobo il y a des discussions qui sont un peu infernales – du moins pour une « féministe » comme moi. Je vous rappelle que la définition de féministe est quelqu’un, homme ou femme, qui croit dans les droits de la femme, droits qui sont les mêmes que ceux octroyés à l’homme.

Ma conversation infernale en est une avec mon homme à tout faire Issouf – 27 ans qui a une femme (concubinage) et une petite fille de 22 mois. En parlant il me fait mention que sa femme n’est pas toujours facile - elle lui a demandé permission pour aller visiter sa famille au village – et il a refusé donc elle n’est pas parti mais elle lui en a fait la demande une deuxième fois – et il a refusé une deuxième fois, mais il commence à trouver qu’elle est trop exigeante et malcommode. C’est certain que j’ai réagi à savoir de 1) pourquoi elle a à lui demander la permission pour quoi que ce soit et pour 2) pourquoi il refuserait qu’elle aille voir sa famille. Il ne m’a pas donné de bonnes raisons pour ni l’un ni l’autre de mes questions sauf qu’en conclusion c’est l’homme qui a la responsabilité pour sa femme et donc il prend toutes les décisions pour elle (j’imagine que toutes les femmes sont trop stupides en Afrique!?). Moi la conclusion que je lui ai donné c’est que la femme en Afrique est considérée comme un objet, comme l’esclave de l’homme, et que si l’Afrique veut se développer, évoluer, il va falloir que les hommes et les femmes changent leurs attitudes envers les femmes.

À la fin de la conversation il patinait un peu – disait qu’il comprenait … mais aujourd’hui même je lui montre une photo de ma nièce Catherine et son chum Paul qui vont se marier en Aout et il me demande s’ils vivent chez lui? Ou si elle vie chez son papa? Encore j’ai essayé de lui expliquer que ce n’est pas la maison du monsieur mais la maison du couple – donc oui ils vivent ensemble mais chez « eux » et non pas chez « lui » - même chose avec la maison des parents ce n’est pas la maison du papa mais la maison des parents. Concept qui est tellement étranger pour lui – de savoir que la femme a aussi des droits et que tu ne peux pas simplement la jeter comme une pomme pourrie quand tu n’en veux plus.

Ce genre de conversation est infernale car tu sais que c’est la vérité de toutes les femmes de l’Afrique – qu’elles sont considérées moins que des animaux et la permission de faire ou de ne pas faire est simplement donnée selon l’humeur du moment de son mari le maître – le chef – le sage – mais qui en fait est peut-être con – imbécile – abusif – autoritaire …. La vérité que le taux de mortalité maternelle est de 484 pour 100 000 naissances et ce souvent à cause du faible pouvoir de décision des femmes, leur mari n’on tout simplement pas donné la « permission » d’aller à l’hôpital ou d’appeler une sage-femme. Les femmes sont aussi plus exposée au VIH/SIDA à cause qu’elles ne peuvent pas demander/exiger le préservatifs à leur conjoint, ou à cause de la polygamie, lévirat (veuve épouse le frère du défunt) ou sororat (remariage du veuf avec sœur de son épouse).

Hier soir nous sommes allés voir un spectacle africain avec Ève & Simon et c’est trop drôle. Les gens embarquent sur scène comme ça pour se faire photographier avec l’artiste durant sa performance, ou bien lui colle des billets de 1000F sur son front en guise de je ne sais pas trop quoi, ou encore viennent danser devant l’audience et je vous jure que les femmes africaines n’ont pas les mêmes hanches ou cul que nous – la danse du cul est incroyable ici et en fait elles font dos aux spectateurs pour mettre en évidence leur talent de cul. Un spectacle qui a eu des moments assez comiques mais en général les artistes étaient soient « lip sync » ou avec des voix qui laissent à désirer. Somme toute une soirée intéressante.

Je suis de retour à REVS+ lundi pour continuer mon mandat – mais sans pouvoir assurer la pérennité de cette organisme qui ne vie que sur des subventions de projets – je ne sais pas si je vais pouvoir me motiver à travailler que pour un objectif ponctuel et non durable.

À suivre…

2 comments:

  1. Salut Michelle,
    Bonne Fête des mères! J'espère que tu n'es pas trop nostalgique en cette journée...
    Si tu regardes les pays les plus pauvres et les moins développés, il y a un point commun à tous ces endroits: la nullité des hommes de tous acabits face aux droits et au respect des femmes.

    Je t'embrasse.
    Carole

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  2. Bon courage!

    Un Burkinabe; fidèle lecteur de votre blog

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