Monday, August 1, 2011

Une semaine difficile

Je vais vous raconter ma semaine d’horreur ou plutôt de peur et la pratique (non maitrisée) du lâcher prise.
Samedi soir on se paie la traite avec des crevettes et calmars, bien assaisonnés d’ail, avec alocos et salade. Mais la digestion se fait difficilement et je me dis que c’est parce qu’il y avait trop d’ail. Quelques heures plus tard, mais durant la nuit, je passe à la salle d’eau pour évacuer mon souper et ça soulage le ballonnement du ventre mais ce qui a suivi n’était pas du tout agréable. J’ai commencé à avoir un mal de tête comme jamais connu auparavant, un mal bien positionné en arrière des yeux – et ce pendant 24 heures avec une fièvre de 102°F – il fait chaud dans ma chambre, j’ai mal aux articulations (même aux dents) et je ne trouve aucune position confortable afin de m’endormir. Fatim me met sur un traitement anti-palu, car tout diagnostique commence par le palu. Je me nourrie de ibuprofènes et acétaminofènes pour casser la fièvre. La nuit de dimanche à lundi il pleut des clous et le vacarme sur le toit de tôle et mon mal de tête est insupportable.
Lundi matin, 5h30 a.m, une senteur nauséabonde envahie la maison – un refoulement d’égouts. Je me lève pour aviser les autres de se réveiller pour faire face à la musique et moi je me retourne dans mon lit super inconfortable avec mon mal de tête, une fièvre de 100,5F et le nez plein de senteurs. Les filles s’activent pour sauver tout ce qui est à terre mais non encore touché par l’eau d’égouts. Une fois que la pluie s’arrête les eaux diminuent pour éventuellement disparaitre et tout le monde (sauf moi et Aminata, 22 mois bébé gâtée) se met à nettoyer la maison – donc là ce sont les arômes mélangées de caca, savon Omo, javel, encens qui envahissent la maison et moi je suis en train de faire du babysitting de Aminata, qui est complètement hypnotisée par un CD pour enfant sur les aventures de Dora. Mais un enfant de 2 ans ça bouge tout le temps et que l’adulte à côté d’elle soit un peu malade elle s’en fou. Vers 11h00 la batterie de l’ordinateur est épuisée et Dora n’apparait plus sur l’écran – je panique car je sais qu’est-ce qui s’en vient et effectivement Aminata te pousse une de ses crises de colère à n’en plus finir et moi je n’ai pas la force de la distraire de quoi que ce soit – au secours.
Mardi matin – ça fait un peu plus de 2 jours que je n’ai pas mangé alors je m’aventure dans la pomme de terre pilée, pas de lait et un soupçon de beurre. Ça passe et ça me donne un peu de force. Je me rends à la clinique de l’ambassade de France pour me faire faire la goutte épaisse (test malaria) et une consultation avec le médecin. Le médecin me pose 2-3 questions, ne me touche même pas pour prendre ma température, ma pression, me tâtonner le ventre etc… RIEN. Sauf il me dit que si c’est le palu et bien ce serait surprenant que le test revienne positif car j’ai déjà prise 2 traitements (sur 3) de l’anti-palu – et effectivement le test revient négatif. Donc je retourne à la maison et Fatim me prépare une soupe au poulet et nouilles. Je mange que le bouillon et une petite pomme de terre mais ça ne passe pas du tout. J’ai régurgité tout ce qui pouvait rester dans mon estomac et la couleur et la constitution était exactement comme le refoulement d’égouts. – oh que je n’étais pas bien dans ma peau. Je me couche – il pleut – il pleut fort – merde.
Mercredi matin on se réveille avec le même scénario que Lundi matin – je capote et là je me sens vraiment faible. On fini de nettoyer la maison, encore le cocktail caca, savon Omo, eau de javel et encens pendant des heures. On fait venir un médecin pour encore une consultation, il me prescrit des médicaments et des tests de laboratoire. Je me rends au labo, on fait quelques tests mais pas tous – il faut que je me rende au centre-ville pour les autres, soit 2 heures dans le taxi à cause des embouteillages pour se rendre et encore du temps pour revenir à la maison – impossible je suis trop faible. Je convaincs Fatim que la maison est rendu insalubre, que les bactéries sont dans les murs et partout – donc elle part pour trouver une autre maison à louer. Elle revient avec la bonne nouvelle qu’elle a trouvée et que le déménagement se ferait dès le lendemain. OK je suis capable d’endurer encore une journée mais je commence à me sentir de plus en plus faible et de plus en plus bizarre – même ma voix commence à changer. Mais là elle me dit que la nouvelle maison a 3 chambres à coucher (OK) et 2 salles de bain (PAS OK) – moi dans mon état je vais partager une salle de bain avec 3 autres adultes – je dis 3 car Mariam attend sa belle-mère qui va rester avec nous – alors on sera 4 adultes à se partager une salle de bain – NON.
Jeudi – toujours je ne sens pas bien et ma voix devient de plus en plus rauque et étrange – je me dis que cela doit être le stress mais pas trop convaincu. Mais pour respirer un air différent je demande que l’on me trouve une chambre d’hôtel pour que je puisse me remettre un peu – et que je veux rentrer au Canada OPC. Mon taximan me dépose à l’hôtel vers 18h00, dans la plus belle chambre #109 (selon le directeur qui me l'a réservé) et il me dit qu’il viendra me voir le lendemain vers 9h00.



Deux cafards plus tard je me décide d’appeler ma sœur au secours, car 2 consultations de médecins et médicaments pour me rétablir ne fonctionnent pas et je ne sais plus quoi faire car même le directeur pays ne semble pas trop proactif dans mon cas. Merci Suzel de tout mon cœur d’avoir pesé sur le bouton de panique auprès du CECI Montréal car je ne sais pas ou je serais aujourd’hui. Le directeur pays, obligé par Montréal, revient me chercher à l’hôtel vers 23h00 pour se rendre à l’hôpital i.e. Clinique Ambroise Paré. Ça nous prend environ 1hr se rendre (au lieu de 15 min.) car il y a 5 barrages de vérification entre l’hôtel et l’hôpital depuis l’histoire avec le président. Enfin rendu à l’hôpital le médecin nous averti qu’il n’y a pas de chambre de disponible, que je devrai me coucher sur un petit lit de consultation avec une autre malade dans la pièce ou nous sommes ou il y a deux lits et déjà 3 occupants. Non, non, non, « enough is enough ». En fin de compte il m’installe dans une chambre de consultation toute seule ou ils me mettent sur intraveineuse pour me réhydrater car j’étais déshydratée – et me faire une série de tests sanguins et autres.
Vendredi – les résultats des tests sanguins sont revenus et tout est dans les normes, pour les autres tests on aura les résultats mardi. Ma voix est revenu au normal, j’ai repris des forces, le médecin me prescrit un autre cocktail de médicaments, on me sert un petit déjeuner de pain et thé et on me libère à 8h00 a.m. J’appelle Dian pour venir me chercher et me reconduire chez Lucie, ma première demeure, car Lucie m’avait appelé quand j’étais à l’hôtel pour m’offrir de rester avec elle jusqu’à mon départ – full circle… La générosité de Lucie rend mes derniers jours sur le territoire guinéen vivable. Dian m’averti qu’il a d’autres urgences du matin et qu’il passera me prendre dès qu’il pourra – soit 3 heures plus tard.
Je n’ai pas de nouvelles de Dian depuis – mais je sais par contre que je reviens au Canada. Je pars de Cona-cris mardi le 2 août pour être à Montréal le 3 août – j’ai tellement hâte de respirer de l’air frais et de manger quelque chose qui ne me donnera pas des nausées.
Une semaine difficile mais enfin fini.

Friday, July 22, 2011

Tentative assassinat, coup d’état ou faux complot?

Voilà une semaine mouvementée en Guinée ou la résidence personnelle du président Alpha Condé a été attaquée par un commando lourdement armé de roquettes, mitraillettes etc… durant la nuit du 19 juillet, entre 3h10 et 5h30 am dans le quartier de Kipé (ou se trouve les bureaux du CECI) à Conakry. C’est la garde présidentielle qui a fait face à l’assaut et les renforts sont arrivés 2 heures après le début des attaques à la roquette.
Selon certains cela est une tentative d’assassinat par des militaires qui ne sont plus dans les grâces du pouvoir, pour d’autres c’est un coup d’état manqué par l’opposition et pour d’autres un faux complot (une ruse par le parti au pouvoir) pour faire le ménage au sein de l’armée et de l’opposition. Jusqu’à date toutes les hypothèses sont encore retenues car en date d’aujourd’hui – selon les informations qui circulent – il ne connaisse toujours pas les vrais raisons de l’attaque mais les arrestations sont nombreuses et les fouilles des autos et maisons sont régulièrement effectuées.
J’imagine qu’un jour on aura peut-être la vraie histoire – mais chose certaine c’est énervant de savoir qu’il existe de l’instabilité dans le pays, qu’une classe de militaires hauts placés sont insatisfaits, qu’il existe des divisions ethniques qui causes des tensions sérieuses, que le pays n’est pas à sa première tentative et/ou réalisation de coup d’état et que les faux complots font partis de la culture africaine.
Mais aujourd’hui le calme est revenu (du moins en surface) – les activités ont repris et la trêve est probablement au rendez-vous à cause que le Ramadan commence dans quelques jours – du moins je l’espère.
De mon côté je quitte dans un mois pour rentrer à la maison le 23 août – mandat complété (mais je ne sais pas s’il est réussi – à suivre…).
Demain je vais au mariage de la fille du chauffeur du CECI (Boulba)- ce sera matière pour mon prochain blog.
Bonne semaine à tous

Sunday, July 17, 2011

Semaine 15

15 semaines de faites et 5 semaines à faire (ou devrais-je dire faire peu).


La semaine a commencé avec une petite aventure à la banque. La banque se situe au centre-ville alors pas nécessairement facile de se stationner mais on y arrive. Pendant que je suis dans le bureau du banquier je vois mon chauffeur par la fenêtre et qui attend tranquillement. Je fermais mon compte de banque - ce voyage au centre-ville n’est pas très agréable avec tous les embouteillages (90 minutes de stop and go) et maintenant que j’ai décidé de rentrer au Québec dans quelques semaines aussi bien d’en finir avec ce déplacement. Puisque je retirais une somme Z et non X j’ai eu le plaisir de me rendre au sous-sol pour mon retrait car c’est là qu’on tient les gros billets de 10,000 GNF. J’arrive aux guichets ouverts devant deux femmes qui font leur petite sieste – malheureusement il fallait en déranger une pour me servir. Elle prend bien note du montant à retirer et elle se retourne pour ouvrir sa valise (type valise de voyage que l’on transporte à bord de l’avion) pleine de beaux billets de 10,000 GNF. J’étais vraiment heureuse car je suis déjà passée par la banque pour retirer 6 millions tout en billets de 1000 GNF – je peux vous dire que les billets de 1000 GNF sont excessivement sales, et que 6,000 billets de 1000 GNF c’est lourd et ça prend de la place.

Je sors de la banque pour rejoindre mon taximan (Monsieur Cissé) et tout d’un coup on me pousse pour ne pas avoir accès à la porte de voiture et deux policiers commencent à brasser M. Cissé lui demandant « pour qui il se prenait ? » et « on va désouffler vos pneus ». Moi je suis complètement énervée de la situation alors je donne un petit 10,000 GNF à celui qui va désouffler les pneus pour le calmer, mais le petit salaud va désouffler quand même le pneu. Je donne un autre 10,000 GNF à celui qui est toujours dans la face de M. Cissé pour aussi le calmer. Enfin une 3e personne vient se mêler de l’affaire et la situation se calme assez pour me laisser rentrer dans la voiture. Quelques paroles et brassages de plus et on laisse enfin M. Cissé reprendre le volant de son taxi. Quand je lui ai demandé qu’est-ce qui c’était passé i.e. pourquoi la police lui en voulait il m’a répondu qu’il n’avait rien fait de mal mais le fait que je sois sorti de la banque, étant blanche … ils ont pensés (justement) ce faire un peu d’argent – c’est donc comme ça que la police agi … on se sent tellement en sécurité avec une protection pareille.

Au bureau – toujours pareil – j’attends 75% du temps et j’accompagne 25% du temps. Par contre cette semaine le CECI nous a demandé de corriger -pour la forme- un mémoire qui a été écrit par 2 étudiants et dont le sujet est l’impact du CECI en Guinée. Je peux vous dire que ça m’a pris 6 heures pour corriger que des coquilles sur 41 pages de 67 pages – on ne parlera pas de la forme car il n’y en a pas et le fond est aussi absent – c’est assez pénible comme lecture – je ne voudrais pas être enseignant et faire des corrections.

J’ai trouvé un bon restaurant – restaurant OBAMA – sur le bord de la mer, pas d’ordures en vue, senteur de cuisson de fruits de mer agréable et j’ai mangé un très bon calmar – ça fait un peu de bien au moral. Dernièrement j’ai le goût d’un bon hot-dog Costco et un Dairy Queen.

Date de retour pas confirmée car les vols sont pleins et difficile de trouver un siège – fin août et tout le monde rentre chez eux car les vacances sont finies.



Petit tour de ville - ce n'est pas Amalfi mais bien Cona-cris (un beau secteur de la ville comparable à Outremont ou Ville Mont-Royal ...)

Bonne semaine à tous.

Monday, July 11, 2011

Voir le bout du tunnel

Voilà - j'ai rendu ma lettre de résiliation de contrat pour le 5 septembre. En considérant les jours de congés et de voyagement je crois être en mesure de quitter Conakry le 22 août pour être de retour à Montréal le 23 août - et le mandat 100% complété.

Alors maintenant que j'ai avisé mon homologue il y a de l'action - il y a une finalité à mon départ et il a intérêt à s'approprier de tous les outils et en plus il me dit qu'il ne veut pas me décevoir - alors autant que les choses stagnaient autant que maintenant il y a un mouvement positif.

On m'a proposé autre chose pour que je reste jusqu'à la fin décembre, tel que prévu dans mon contrat, mais le mandat additionnel était peu intéressant + Conakry n'est pas une ville agréable + la situation de sécurité me stresse un peu = je n'ai pas accepté de continuer sur autre chose.

Vivre ici est d'une platitude incroyable. Du riz gras à tous les midis, on regarde les mêmes murs à longueur de journée - on ne peut pas sortir prendre une simple marche sans la hantise de se faire frapper par les automobilistes ou se faire braquer par un bandit - et même quand on est passager dans un taxi on est stressé durant tout le déplacement car on a peur de frapper ou se faire frapper - il y a zéro centre culturelle - je n'ai pas encore trouvé un bon restaurant i.e. agréable au goût et en atmosphère. La plage est insalubre tellement que regarder l'océan de donne mal au coeur car les senteurs sont vraiment nauséabondes.

Alors qu'est-ce que l'on fait tous les jours:  on stresse pour se rendre en taxi au travail ou on se tourne les pouces ou on lit un livre sur son kindle  et on se stresse pour retourner en taxi à la maison -  on prend le petit déjeuner pain/fromage la vache qui rit - on mange du riz gras le midi - on mange du poulet/poisson avec riz/frites ou couscous et salade le soir et on se couche à 8h30 pour recommencer le tout à 6h30 le lendemain matin. Et les week-end on tourne en rond dans la maison.

Le courant (électricité) à Conakry est selon la cédule suivante: jour 1 de 18h00 à 24h00 - jour 2  pas d'électricité et jour 3 de 0h00 à 6h00 et on recommence cette rotation par la suite. Heureusement nous avons un groupe électrogène que l'on fait fonctionner environ 3 heures (de 19h00 à 22h00) les jours ou il n'y a pas de courant.

La situation de l'eau: nous avons de l'eau les mardis et jeudis (entre 0h00 et 11h00) ainsi que le samedi (de 6h00 à 16h00) et le dimanche (de 11h00 à 17h00). Donc il faut profiter de ces jours là pour remplir nos sceaux d'eau qui serviront pour les jours ou nous n'avons pas d'eau (et il ne faut pas oublier car pas d'eau = pas de bain et pas de chasse d'eau pour la toilette). Et oui l'eau est froide.

Les états d'âme dernièrement - depuis que je lis le blogue de ma nièce qui est en voyage de noce je veux aller à Amalfi qui semble être un paradis et ferait différent de l'enfer de Conakry.

Bonne semaine à tous.

Monday, July 4, 2011

Persécution en Afrique

Il y a beaucoup d'albinos en Guinée et Fatim m'a éduqué un peu sur le sort de certains d'entre eux. Voici ce que j'ai trouvé sur l'internet.


Les personnes atteintes d'albinisme sont parfois accusées de sorcellerie et de pratiques magiques. Ces problèmes sont dus à la persistance de légendes conférant des caractéristiques mystiques aux personnes atteintes d'albinisme. Certaines indiquent ainsi que les albinos ne meurent pas mais disparaissent, qu'ils ne voient pas la nuit, qu'ils ont les yeux rouges, une intelligence médiocre et un développement anormal.

Ils sont encore aujourd'hui victimes d'exclusion, de persécutions, et même d'assassinats (dans ce dernier cas, les victimes étant parfois même enlevées) dans des buts magiques (les croyances locales attribuant des pouvoirs guérisseurs aux organes des albinos) notamment au Mali, au Cameroun, en République Démocratique du Congo, en Guinée, au Swaziland, au Burundi ou en Tanzanie.

Il est à noter que ces phénomènes sont expliqués par un contexte social difficile (absence d'autorité des polices locales, persistance de légendes mystiques, faiblesse du système éducatif).

Cependant les mentalités auraient tendances à évoluer dans certains de ces pays, puisqu’en 2009, sept hommes furent condamnés à mort par pendaison en Tanzanie pour meurtre d’albinos dans deux affaires différentes. Malheureusement, il semblerait qu’aucun des sorciers qui se livraient au concoctage des breuvages « magiques » à partir des membres des victimes pour en faire commerce n’ait encore été poursuivi.

C’est en Tanzanie – où un « ensemble complet » incluant les membres, les oreilles, la langue, le nez et les parties génitales [d’un albinos] se vend à des milliers de dollars – qu’ont été rapportés la plupart des meurtres. Les participants à la conférence ont également appris que la persécution des albinos était chose courante au Kenya. En août (2010), un homme a été arrêté pour avoir tenté de vendre un albinos kényan pour 250 000 dollars.

Génie des eaux, devin, mi-homme mi-dieu, tels sont les attributs que l’ont prête, dans certains pays d’Afrique, aux albinos. Recherchés pour leurs soi-disant pouvoirs bénéfiques ou maléfiques, ils sont souvent victimes de sacrifices humains. Pour mettre un terme aux croyances et aux pratiques occultes qui en découlent, des associations se battent au quotidien pour que les albinos ne soient plus marginalisés. .

Ils sont nombreux en Afrique à être atteints de cette maladie, l’albinisme, qui se caractérise par une absence de pigmentation. Outre les problèmes de vue et les risques de cancers de la peau directement liés à cette infection, les albinos font l’objet de croyances persistantes en Afrique. Malgré des campagnes de sensibilisation, les sacrifices humains ont toujours cours sur le continent. Ainsi, il n’est pas rare de voir dans les journaux africains, à la rubrique des faits divers, le meurtre d’un albinos.

Sunday, July 3, 2011

Une semaine de lectures, sudoku, nouvelles et de films

Une grosse semaine à ne rien faire – j’ai fait des sudoku, j’ai lu 2 livres, je me suis tenue au courant des dernières nouvelles sur cyberpresse et j’ai regardé 2 films - Le tout devant mes homologues – c’est vraiment triste.

J’ai aussi remis ma lettre de résiliation de mandat – avisant le CECI que je terminerai mon mandat en date du 5 septembre – donc 5 mois, et ce 5 mois correspond au mandat original qui avait été extensionné à 9 mois juste avant mon départ – mais pour aucune raison valable. Selon moi j’ai fait tout ce que j’ai pu, et je les assisterai à maitriser les outils développés, s’ils le veulent bien, d’ici mon départ (ça leur donne 10 semaines de pratique) – je rencontre le CECI mardi pour en discuter mais je crois qu’ils ne sont pas très enchantés de ma décision. Je les comprends mais je ne suis pas prête à m’ennuyer pendant 6 mois – je vais déjà m’ennuyer pendant 2 mois.

Autant j’étais enchantée au début par l’énergie des jeunes professionnels de l’organisation autant je suis déçue par la paresse réelle qui règne, une organisation remplie de jeunes qui ont très peu à faire et très mal organisé car le peu qu’il y a à faire et bien ce sont toujours les mêmes qui travaillent dans leur petit coin – et encore là je suis un peu sceptique à savoir s’ils travaillent vraiment ??

C’est vraiment difficile travailler avec des gens qui ne veulent pas travailler. C’est aussi difficile vivre dans une ville plus ou moins sécuritaire ou on ne peut pas marcher car les automobilistes sont fous et ils se fou du monde – et il pleut tout le temps (ou presque). Rien à faire jour après jour après jour après jour après jour ….. après jour ….

Quelques photos de la famille
Aminata (21 mois) qui porte son petit ourson au dos



Aminata (les cheveux non tressés) portée au dos par sa nounou Khadi


Notre coloc de 1 jour et notre souper de jeudi.

J’espère que tout le monde se porte bien et que vous profitez de l’été. Je rêve d’une bonne partie de golf.



Bonne semaine.

Sunday, June 26, 2011

Semaine 12

Je ne me souviens plus quand j’ai commencé à compter les semaines lors de mon premier mandat au Burkina Faso – mais me revois-là à ce stade …


En fait j’ai fini 90% de mon mandat – tous les outils ont été développés et discutés avec mon partenaire. C’est le 10% qui reste qui peut prendre une éternité car les homologues n’ont pas le temps de s’approprier des outils – de les mettre en pratique et les maitriser – car ils sont occupés à trouver des financements et répondre aux multiples demandes des bailleurs de fonds. Le scénario trop commun est que l’organisation ne trouve jamais le temps de s’organiser et donc atteint très rarement les objectifs fixés par les bailleurs de fonds (parfois en accord avec l’ONG ou organisation de la société civile bénéficiaire) – c’est une roue qui tourne comme ça car je crois que ça fait partie de la « business » de l’aide. Les représentants des bailleurs ont besoins de donner de l’argent pour justifier leurs salaires, et les représentants des bénéficiaires ont besoins d’être aux aguets de fonds pour justifier leurs salaires et leur organisation. Et c’est une grosse « business » et certains salariés font de très bons salaires (15 000 euros/mois ce n’est quand même pas si mal pour combattre la pauvreté…).

Donc puisque j’ai fini 90% de mon mandat – et que le 10% qui reste je ne sais pas quand il sera fini je commence à trouver le temps un peu trop long – je me suis présenté au travail que mardi et jeudi de cette semaine et je ne pense pas que le partenaire là même remarqué. Encore pire, jeudi au travail j’ai lu mon livre et j’ai joué à changer le look de mon blogue (avez-vous remarqué?).

Durant la nuit de samedi mon taximan a eu un accident de voiture – et miraculeusement il n’a pas été blessé mais la voiture est complètement scraper. On a eu une de « ces » conversations et puisqu’il est un homme honnête, et bon père de famille - il a 3 enfants adorables qui sont tellement heureux de le voir quand nous arrivons à la maison (en fait il reste juste en face de la maison que j’habitais avant mon déménagement) – qu’il a eu un certain encouragement de la foté pour acheter une autre voiture (Renault 19 à 273 000 KM)ou il en est propriétaire et non pas une voiture qu’il doit payer plus de 50% de son avoir hebdomadaire – par contre la foté n’aura plus à payer à chaque semaine jusqu’à remboursement du prêt , ou son départ, et ça fait l’affaire des deux – gagnant/gagnant.

Vendredi nous avons été convoqué au bureau du CECI pour discuter de questions de sécurité – donc pas très sécurisant. Depuis les élections du président Alpha Condé il n’y a pas encore eu les élections législatives et il risque d’avoir quelques manifestations dans les rues car le président veut changer ou mettre à jour la liste électorale car il croit que ce sera à son avantage – problème étant qu’il a été élu à cause d’une coalition qui l’a supporté mais ou il est presque assuré de ne pas avoir la majorité aux législatives – une affaire compliquée de politique qui peut créer des « émeutes » donc se tenir loin des foules … et puis il semblerait que quelques personnes qui ont faim se sont trouvés comme boulot le banditisme à mains armées et ils se permettent de rentrer dans les maisons sans même être invités et en plein jour – assez effronté vous ne croyez pas? Donc encore une fois je me trouve prisonnière dans la maison que j’habite – et ça ce n’est vraiment pas le fun. Par contre nous vivons dans un quartier super sécuritaire avec gardien de jour et de nuit et le poste de gendarmerie à 30 secondes – et nous sommes équipées d’un numéro de téléphone vert (un peu comme le 911 mais à 8 chiffres). Donc pas facile mais pas de problème.

Donc avec tout ça (fini 90% boulot et insécurité) – et le fait que Fatim (la dame chez qui je loue une chambre) quitte au mois d’août je pense rentrer moi aussi vers ce temps-là … à suivre.


Bonne semaine à tous. Et particulièrement bon voyage de noce à Catherine et Paul et bon voyage de l'année pour Dorothy et Dave.

Sunday, June 19, 2011

Chaque jour suffit sa peine

Alors j’ai déménagé dimanche et lors de mon dernier blogue je vous ai dit que la saison des pluies était belle et bien entamée et la misère noir pour ceux qui se font inonder. Devinez ce qui suit ….


Il y a eu une grosse pluie pendant des heures, les caniveaux ce sont bien remplis et à 3 heures du matin la cour et le rez-de-chaussée de la maison sont complètement inondés. On entend le vacarme des chaudrons qui tombent car ils sont empilés en hauteur et ne peuvent tenir car ils flottent, on sent une odeur nauséabonde, et les deux jeunes femmes qui aident Fatime avec la maison et sa petite fille sont complètement envahies par l’eau sale et insalubre et marche pieds nus dans la noirceur pour évaluer les dégâts car elles sont au rez-de-chaussée avec matelas au sol et donc les plus sinistrées. Toute la nourriture qui était au niveau plancher a aussi été gâtée. Fatim et moi sommes au deuxième étage alors seulement incommodé par la situation – mais ça pris quand même quelques heures avant que l’on puisse mettre pied à terre au rez-de-chaussée. Les jeunes ont fait venir des renforts (membres de leur famille) pour nettoyer les planchers, murs, rideaux et vêtements et ça pris toute la journée. N’étant plus très jeune a ses avantages car j’ai été épargné à participer au nettoyage – donc j’ai pu me rendre au travail en après midi. La seule chose qui a été pêché est une petite souris. Je peux vous dire que c’est impressionnant d’être inondé d’eau d’égouts (les caniveaux sont les égouts ici).




L'eau avait déjà baissée de moitié lors de la prise de photos et les tuiles sont d'un gris/blanc


Une autre expérience particulière – le lendemain de l’inondation on m’invite à me joindre à un groupe de collègues du bureau pour aller déjeuner (lunch) – près de l’aéroport. On se retrouve dans un petit emplacement ou le menu est en fait une variété de plats tous cuisinés à l’extérieur par différentes femmes (avec différentes installations plus ou moins désirable) et on est assis sur des bancs avec une table dans un container … oui oui dans un vieux container. J’aurais tellement voulu avoir ma caméra, mais faite vous-même un portrait mental et c’est probablement près de la réalité.

Les avantages de ma nouvelle demeure – je suis traitée comme une princesse car on prépare mes repas (et on fait les achats et la vaisselle), lave mon linge et nettoie ma chambre – donc les seules activités que j’avais sont maintenant pris en main. Il reste vraiment que dodo-boulot. Il semblerait que les personnes d’un certain âge ne sont plus supposées faire des tâches ménagères.

Un peu d’histoire pour vous sensibiliser.

Le Camp Boiro à Conakry, quelques coins de rue de ma demeure de la Camayenne (photo pas permise). Aujourd’hui ce camp a été complètement mis à neuf depuis 2008 et donc cache une histoire assez sombre et barbare. Ce camp a toute une réputation d’être un lieu de torture et de mort pour tous ceux accusés (justement ou injustement) de comportements inacceptables pour le régime de Sékou Touré (1958 à 1984). Ce camp était à ciel ouvert donc sujet à toutes les intempéries et les tortures étaient souvent sous forme de brutalités physiques et sexuelles et de famine (diète noire) ou les corps pourrissaient dans un enclos surpeuplé. Selon Amnistie International plus de 50,000 personnes auraient donné l’âme au camp Boiro et autres camps similaires en Guinée.

C’est de la petite bière comparativement à plein d’autres atrocités qui ont eu lieu en ce continent. Les multiples guerres civiles, les guerres entre ethnies et/ou religions, les génocides, les guerres de pouvoirs pour accéder à la dictature motivées par des intérêts propres, les famines délibérément causées ou ignorées, les ingérences capitalistes et communistes, les mensonges, la corruption et accumulations de fortunes personnelles au détriment des peuples, l’aide humanitaire détournée pour l’achat d’armes, la pandémie VIH/SIDA trop longtemps réfutée etc. ont occasionnés des dizaines de millions de morts dans les derniers 50 ans.

La plupart des pays Africains ont un niveau de vie inférieur à celui de 1980 et parfois même inférieur à 1960. La moitié de sa population de 880 millions vie en deçà du seuil de pauvreté; contribution économique du continent entier est de 1.3% de PDB du monde soit moins que le Mexique; c’est le seul continent ou l’analphabétisme est encore chose courante; les 25 pays qui figurent aux rangs les plus bas sur la liste IDH (Index du Développement Humain) des nations unies sont de l’Afrique – et ce malgré les plus de $300 milliards US et plus investis.

Comment l’Afrique va s’en sortir avec ces apprentissages et qui continue à souffrir de comportements encore redoutables dans bien des coins? Si quelqu’un a la réponse j’aimerais bien la connaître.

Sunday, June 12, 2011

Mission à Labé et déménagement

La semaine dernière j’ai fait une petite mission de 3 jours à Labé pour rencontrer la cellule technique régionale (CTR) de la Moyenne Guinée ainsi qu’assister à une auto-évaluation d’une union paysanne. On m’a avisé moins de 24 heures avant mon départ alors comme à l’habitude il faut changer nos plans en fonctions de ceux qui nous sont donnés – ce qui est le plus prévisible c’est qu’il n’y a rien de planifié bien à l’avance alors aussi bien de ne rien planifier non plus. Ce n’est pas toujours évident et un ajustement, mais c’est aussi un ajustement quand on retourne au bercail ou tout est planifié.


La mission à Labé a été super intéressante et très instructive au niveau boulot mais aussi de faire l’expérience du social à la guinéenne. Nous sommes partis très tôt le matin (6h30) – 4 dans un minivan, conversation en français et un très bon chauffeur alors le déplacement a été agréable et nous sommes arrivés à destination à une heure très respectable (14h30). On a une rencontre avec la CTR et ensuite mon homologue Lucien nous fait part que nous sommes invités à diner chez son beau-père alors on accepte pour ne pas blesser (mais je fais très attention à ce que je mange). La conversation est d’abord amusante ou on se taquine un peu entre français de France et français du Québec mais avec certaines flèches bien ciblées pour nous différencier. Ensuite on nous invite à l’ordination d’un des fils du beau-père qui sera reçu prêtre dans quelques jours alors un parle un peu de religion. Le beau-père nous parle de ses voyages au Brésil et au Canada mais pas certaine des motifs de ses voyages – et de ses exploits en Afrique car il est Colonel Pépé et est très fier que lors de la guerre civile au Rwanda il a personnellement sortie 250,000 Hutu pour les sauver des Tutsi et qu’il serait prêt à retourner pour faire la guerre car il aime la guerre – toute une conversation de passer de l’ordination de son fils au génocide du Rwanda avec un de ses participants.

Le lendemain en matinée nous avons une rencontre de céduler avec la CTR pour 8h30 mais une fois arrivée on nous avise qu’un collègue de Conakry est présentement à Labé pour la cérémonie de fin de deuil des épouses de son père et que nous devrions aller payer nos respects (et comme la coutume oblige une petite collecte est faite pour présenter au chef de la famille). Donc on se rend et on attend que les prières soient finies pour ensuite se retrouver dans une chambre à coucher en train de manger du riz avec lait caillé (non merci). Donc 2 heures plus tard on retourne au bureau pour entamer notre réunion qui est en fait pour prendre le pouls des activités et poser des questions. Et là le français et la québécoise se sont un peu bousculés. La québécoise pose une question et le français vient interrompre pour lui dire que la question devrait être posée autrement. La québécoise lui dit gentiment qu’elle aimerait bien qu’on réponde à sa question telle que formulée et lui insiste qu’elle doit la poser autrement – alors elle a réagi en lui faisant savoir que c’était sa question et qu’elle allait la poser comme bon lui semble à elle et non à lui mais qu’il pouvait poser ses questions comme bon lui semble à lui. Malheureusement une petite situation tendue mais des fois les m..... français sont chiants.

Ensuite on va déjeuner vers 13h00 avant de se rendre en brousse assister à une auto-évaluation d’une union paysanne – et là on ne parle pas français mais on est assez gentil pour traduire et nous avons là encore l’opportunité de poser des questions – mais cette fois-ci sans interruption (juste un peu de grincements des dents de mon voisin). Après la réunion on nous invite pour manger encore du riz sauce et Lucien nous averti que son beau-père nous attend encore pour le diner – de la bouffe et encore de la bouffe (et en fait pas de la très bonne bouffe). Toute activité est accompagnée d’un élément social ce qui est gentil mais pas nécessairement une bonne gestion du temps et pas nécessairement très productif. De 7h30 du matin jusqu’à 20h00 j’étais assise devant 5 repas de riz.

Le retour sur Conakry fût aussi une expérience. Le français aime parler mais pas trop fort sur l’écoute et j’ai l’impression qu’on n’a pas fini de se poigner le bec parce que nos mandats sont possiblement un peu trop pareil et on n’a pas du tout la même approche – à suivre… Aussi pour le retour nous avions un 5e passager, un jeune cousin de Lucien d’environ 12 ans, qui n’a pas trop l’habitude de voyager et a eu le mal de cœur durant toute la route donc arrêts fréquent (pauvre petit bonhomme)- mais Lucien (un homme de 30 ans et costaud) a piqué une petite crise de nerf en faisant savoir que lui n’allait pas endurer le voyage comme ça et que le petit est mieux de s’ajuster en conséquence. Une chance qu’il y avait d’autres personnes dans la voiture parce que je pense que le petit aurait mangé une volé et pour raisonner avec Lucien que malgré toute la bonne volonté de quelqu’un on ne peut pas retenir le vomissement et que le petit ne fait pas exprès.

Il y a environ 3 semaines la colocataire française a quitté la maison et a imposé aux 2 autres colocataires une situation financière un peu stressante. Avant mon départ hâtif vers Labé ma colocataire (la patronne de la maison) m’a demandé de soit 1) partager les coûts de la maison, ce qui faisait que mon loyer plus que doublait et prenait environ 65% de mon allocation mensuelle, ou bien soit 2) de quitter le plus tôt possible même si j’avais payé jusqu’à la mi-août (on allait me rembourser). Donc il fallait que je trouve une solution vite et heureusement (j’espère) il y a une autre coopérante du CECI qui avait une chambre à louer – on s’est rencontrée la veille de mon départ pour Labé pour conclure l’entente - j’ai fait un lavage et pacté mes petits pour être prête à déménager dès mon retour. J’ai aménagé aujourd’hui même. La maison est vraiment belle et éclairée, ma chambre est spacieuse avec balcon et avec le deal on me prépare mes repas du soir et les week-ends. Seuls inconvénients : pas de clim, électricité sporadique et parfois pas d’eau – comme au Burkina Faso et comme 90% de la population à Conakry (probablement comme 98% de toute la Guinée). Je pense que je vais être bien ici, et puisque c’est une maison que avec des musulmanes pas de boissons alcoolisées.
Ancien quartier - La Camayenne




Nouveau quartier - La Minière



La saison des pluies a bel et bien commencé donc de la misère noire pour tous ceux qui sont sans abris ou qui sont dans des abris qui ont des d'inondations car quand les canivaux sont trop pleins et bien tout ce qui y a été déposé durant les derniers mois se retrouve dans ces maisons - vous pouvez vous imaginer l'insalubrité.


Bonne semaine à tous.

Tuesday, May 31, 2011

Kankan

Un Atelier à Kankan – Haute Guinée


Au programme de la semaine dernière nous avons eu un atelier sur « la démarche d’un diagnostique et l’élaboration d’un questionnaire adapté au contexte des fédérations de paysan(ne)s agricoles » à Kankan qui est dans la région de la Haute Guinée – le pays des malinkés. Le climat et le paysage de cette région sont très semblables au Burkina Faso (savane arborée) – alors il fait super chaud – mais il fait chaud aussi pour ceux qui viennent des autres régions assister à cet atelier – ce n’est pas seulement la foté (blanche) qui transpire mais les foré (noir) aussi.




En début de semaine j’ai préparé des outils pour l’atelier – jeudi le 26 mai nous sommes partis pour un retour dimanche le 29 mai et l’atelier c’est tenu le vendredi et le samedi – le pourquoi que mon blogue est un peu en retard. Hier je croyais être capable de me reposer mais pas question - il fallait produire un guide diagnostique, une note technique de diagnostique, une grille d’analyse et une grille d’évaluation – selon les travaux produits en atelier - et mon homologue n’est pas disponible car il est en mission sur le terrain.

Je dois dire que les 2 jours d’atelier ont été une expérience très enrichissante pour moi – à voir les jeunes techniciens (les personnes en administration sont des techniciens) se mettre à la tâche de façon sérieuse et énergique. Ce qu’ils devaient accomplir en 2 jours n’était pas une petite tâche et j’ai été vraiment impressionné. Il est vrai que des ateliers ils sont habitués – ils ont tous reçu des ateliers de formation ad nauseam – mais cette fois-ci ils devaient produire eux-mêmes les outils qu’ils vont utiliser sur le terrain et ce n’était pas si mal.


Par contre pour faire les 2 jours d’atelier il a fallu se déplacer de 700km – soit 12 heures de route. On m’avait avisé d’être prête pour 8h du matin mais comme toujours il y a eu des retards et on est venu me chercher au bureau à 11h. Ensuite il fallait acheter des bidons pour du gazoil (diesel) et les faire remplir car pénurie de gazoil à Kankan. Ensuite il fallait aller chercher une cinquième personne qui se joignait à nous pour le déplacement. Nous sommes partis de Conakry à 13h00 pour arriver à Kankan à 1h du matin. Pendant tout le voyage nous sommes arrêtés qu’une seule fois, et moi j’avais la place de choix, en arrière au centre entre deux qui sentaient le swing. Durant les 14 h en voiture on a eu peut-être 1h de conversation en français – la balance en soussou. De plus les routes sont vraiment dangereuses et on avait un cowboy comme chauffeur donc impossible de fermer l’œil. Je considère que nous sommes chanceux d’être arrivé sain et sauf.

Le retour était sensiblement la même chose (700 km) mais nous n’étions que 4 dans la voiture – donc je suis près de la fenêtre et moins tassée. Nous sommes partis à 8h de Kankan, avec tout de suite de la musique disco africaine sur cassette et en mode « repeat » - pour rentrer à Conakry à 20h. Voyager le jour j’ai pu vraiment apprécier comment les routes sont dangereuses. Non seulement il y a des grandes sections de la route nationale qui sont pleins de nids de poule (en fait plutôt de cratères) mais en plus on partage la route avec les bœufs et les chèvres donc il faut faire du 130 km/h à du 0 km/h dans l’espace de 2 secondes. Les éleveurs de troupeaux préfèrent la route que les pistes peu importe le danger à la vie humaine. Les voitures en pannes sur la route sont parfois dans une courbe – donc on ne les voit pas mais il faut les éviter à 100 km/h en espérant qu’une autre voiture en sens inverse ne passe pas en même temps. Quand on est pris en arrière d’un camion qui fait 60km/h on prie le bon Dieu que la voie va être droite sans trafic à sens inverse car le chauffeur lui dépasse coûte que coûte. Les motocyclistes et les piétons se déplacent à leurs risques et périls – car même si la rue est bondée de monde parce que c’est la journée du marché c’est leurs problèmes – le chauffeur passe à 60km/h – c’est à eux de se tasser et vite SVP.


Au retour la conversation est presque inexistante en français – et malheureusement le 5e passager n’est pas avec nous (c’est un des doyens) car la vraie personnalité des autres passagers c’est affichée – arrogant – super macho – et qui gueule tout le temps. Les peuls sont si, les malinkés sont cela, les motocyclistes sont imbéciles et ne savent pas conduire parce qu’ils ne veulent pas se tasser pour se ramasser dans un ditch etc…. UN ENFER DE VOYAGE – je suis rentrée tellement crevé. Jamais plus de voyage avec ce groupe - ça m’a tellement énervé.

Une petite conversation avec mes collègues de voyage :

Kadhafi est perçu comme un héro ici en Guinée – car il a su partager son capital avec les autres pays africains. Même si ce sont les Libyens installés en Guinée qui profitent des bénéfices du capital les Guinéens profitent aussi des infrastructures qui ont été installées. Il n’y a pas un français/européen qui en aurait fait autant. De plus la guerre civile en Libye a été initié/provoqué par les français – tout comme en Tunisie et en Égypte.

Alors je me demande pourquoi la France et l’Union Européenne investissent autant dans ce pays quand il n’y a rien de bon qu’un européen (colon) peut faire. Le plus drôle est que le salaire de ses collègues de voyage est payé justement par l’Union Européenne.

Voilà mon blogue de la semaine. Malheureusement je ne peux pas tout partager dans mon blogue comme la notion du « respect », les habitudes d’hygiènes, et la colocation – ce seront des sujets de conversations à mon retour.

Désolé pour la qualité des photos mais mon appareil est défectueux - le "shutter" (en français??) ne s'ouvre pas complètement d'ou les coins foncés.

Bonne semaine à tous.

Sunday, May 22, 2011

Bonne Fête Matthieu

Mon bébé a 25 ans aujourd’hui.

Une semaine plutôt tranquille.
Dimanche dernier Lucie et moi avons décidé de visiter un peu le pays et selon un certain guide de voyage il fallait voir la plage de Sobanè. Donc on s’informe auprès d’un chauffeur du coût du déplacement mais aussi le temps du déplacement … 1h30 ou en autre mot 90 minutes. Donc on part dimanche matin à 7h40 et on arrive à Sobanè à 13h00 ou en autre mot un peu plus de 5 heures de route.
Encore selon ce guide de voyage il y a belle plage, hôtels et restaurants – village touristique. Je ne sais pas pourquoi mais nous on a vue une plage – une petite hutte ou on loue une chambre et une dame qui était prête à nous faire à manger et au menu du jour c’était poulet et nouilles avec probablement 1 litre d’huile avec çà.
















Vue l’heure d’arrivée et le temps estimé du retour de 5 heures de route nous sommes resté à la plage 3heures en dessous d’un toit de paille car il pleuvait. En résumé on a fait 10 heures de route pour un repas de poulet, nouilles et huile sur un bord de plage sous la pluie. Mais il y a toujours quelques spectacles de la route qui sont assez cocasses. Barrack Obama ne fait pas seulement des annonces publicitaires ici en Guinée mais il a aussi une Université.








Cette semaine nous avons eu une réunion avec le bureau et tous les partenaires pour faire un compte rendu des résultats de l’année qui vient de se terminer le 31 mars et donner les perspectives pour l’année en cours. Donc voici un peu le contenu de ces résultats : 6 partenaires ont bénéficié de 9 volontaires; 57 outils ont été développé; 746 femmes et 404 hommes ont bénéficié directement; 100 % de satisfaction des volontaires sur la formation pré-départ; 67% satisfaction des volontaires sur leur mandat …. Bla bla bla…. Si c’est le genre de résultats sur lesquels on fait du monitoring il n’est pas surprenant qu’il y a des problèmes avec la coopération-volontaire.

Je vous offre aussi une petite photo amusante – à tous les jours il y a une pose de 90 minutes pour manger et se reposer – mais cette journée-ci mon homologue a décidé de prendre sa sieste après la pose.











J’ai appris par contre cette semaine qu’une femme Guinéenne ne peux pas être égale à l’homme – c’est impossible, impossible. Seul un homme peut devenir Imam et prier à la Mosquée, seul un homme peut hériter de la terre familiale etc… que la notion du « genre » était une fabulation du Nord et non applicable en Afrique. Sur ce je lui ai posé la question pourquoi son organisation acceptait alors des financements du Nord qui ont tous un volet « genre » qu’il faut promouvoir? Il n’avait pas de réponse. En fait ce n’est pas la seule question que je lui ai posé, et je me suis aussi permise certains commentaires que je ne répèterai pas ici mais pour ceux/celles qui me connaissent un peu vous pouvez imaginer.

La grande nouvelle ici cette semaine c’est le scandale de DSK car de 1) il était le candidat favori pour ce présenter pour la gauche aux élections présidentielle de la France l’année prochaine et 2) c’est une femme guinéenne qu’il aurait présument agressé à NY. Donc ici on parle beaucoup que c’est un complot pour l’éliminer de la course présidentielle – ou bien comment une femme guinéenne peut faire descendre un homme avec autant de puissance (car ici les femmes n’ont pas beaucoup de droit comme vous le savez). C’est vraiment toute une histoire ici.

J’apprends aussi petit à petit la politique ici en Guinée. Il y a 4 régions naturelles en Guinée et avec ces régions vient aussi 4 ethnies majeures dont les Soussous qui sont en basse Guinée (Guinée maritime), les Malinkés qui se trouve en Haute Guinée, les Peuls en Moyenne Guinée et les Forestiers en Guinée Forestière. Les Forestiers sont pour la plupart soit chrétien ou animiste mais les 3 autres ethnies sont majoritairement musulmanes. Mais le problème est qu’entre ethnies ils ne se supportent pas toujours très bien et particulièrement les Peuls, qui représentent 40% de la population, sont présentement mis à l’écart. En fait il y a pas mal de racisme et donc parfois les tensions deviennent évidentes mais il y toujours des tensions entre eux. Le pouvoir antérieur était une dictature tenu par des peuls et tous les hauts fonctionnaires étaient des peuls mais en juin 2010 la Guinée a connue ses premières élections « libres et transparentes » depuis l’indépendance et maintenant c’est un Malinkés qui est au pouvoir (Professeur Alpha Condé) – alors il y a beaucoup de remue-ménage dans les ministères ou les peuls sont remplacés par des malinkés et les journaux se demandent si le nouveau président n’est pas lui aussi un autre dictateur. C’est évident que je simplifie énormément toutes les dynamiques politico-sociales mais le calme est fragile.

J'espère qu'avec un gouverment Harper majoritaire - et Duceppe parti - que la situation au Canada ne se détériore pas trop.

Bonne semaine à tous

Saturday, May 14, 2011

Conakry et ses surprises

Combien de polices pour créer tout un embouteillage? Réponse = 5. Dont 3 qui se parlent entre eux en plein milieu de la rue, un autre qui regarde le tout sans rien faire, et un qui lance les bras dans les airs dans tous les sens criant aux motoristes de tout les sens d’avancer tous en même temps dans un croisement de 5 rues.
Mon petit chemin pour aller travailler – quelques petits feux pour éliminer les ordures mais créer un peu (beaucoup) de pollution de l’air – ou bien pas de petits feux et on accumule les ordures. Les deux options ici sont un peu tristes.



Aussi une petite annonce sur le bord de la route typiquement africaine – du n’importe quoi pour faire de la publicité des Immeubles Fawaz – avec en vedette Barrack Obama (mais je me demande s’il est au courant?)






Une bonne semaine de travail – pour l’instant je me sens bien acceptée et je sens que les gens sont encore motivés pour renforcir leurs capacités de gestionnaire mais on n’a pas encore vraiment commencé à travailler et y en a du travail à faire – je souhaite qu’ils ne s’épuiseront pas trop vite. Ils sont très bons à développer des projets de financement et obtenir le financement – mais vraiment faible à planifier les stratégies et activités une fois le projet commencé, et nul dans le suivi & évaluation car ils n’ont pas les outils ou même les données. Ma plus grande question étant s’il y a vraiment la volonté de faire de la gestion à la tête de l’organisation? Ça fait 3 ans qu’on leur demande un organigramme – je l’ai fait dans moins d’une heure après une discussion pour comprendre leur structure … donc il y a des problèmes et c’est l’entité qui est supposée professionnaliser et renforcir les capacités de leurs membres !!!
Mercredi à 17h00 mon taximan vient me chercher et comme tous les soirs on prend la route vers la maison et j‘observe – et ce que j’ai vue cette journée …. en plein jour, avec plusieurs personnes dans les alentours et même certaines personnes à proximité – car on est au marché Madina – le plus grand de Conakry, un couple qui faisait l’amour en –dessous du viaduc et monsieur le cul en l’air et les pantalons aux genoux. Si moi j’ai vu ça de l’auto qui passait à 60 km il y a quelques centaines de personnes qui l’ont vu en marchant – j’aurai tout vu ici à Conakry.

Jeudi – petit tour à la banque pour voir si mon argent est arrivé du Canada car ça fait 4 semaines que j’attends que ma banque réussisse à me transférer de l’argent – jusqu’à date c’est un échec total car toujours pas d’argent. Mais le déplacement a été éducatif – il y a une section de la route (une intersection) d’environ 5 mètres qui est interdite à la circulation, direction centre ville, le matin et mon taximan a pris cette route car ça lui évite un très grand détour et le temps perdu dans les embouteillages. Donc de fait, arrivé à l’intersection en question, il se fait arrêter par un gendarme qui lui dit de rebrousser chemin. Il en était pas question et très poliment le taximan remet au gendarme un petit cachet de 3000 FGN (bien caché) pour le passage – ça pris 3 secondes (au lieu de 20 minutes de détours etc.) et on a eu le droit même à un petit sourire du gendarme. Je ne sais pas si les autres voitures qui nous suivaient ont rebroussé chemin?

Une sortie du vendredi soir : une boîte de nuit grande comme ma main à deux pas de la maison ou on peut danser à une musique des années 80-90 et parfois quelques « tounnes » africaines pour se faire aller les hanches. Ensuite une fête de quartier (mais je n’ai pas ma caméra car je ne savais pas que c’était à l’agenda) ou il y a un petit spectacle d’une jeune troupe de danse et ensuite un trop grand spectacle des deux animateurs de la soirée qui s’improvisionnaient comme des Rappeurs alors heureusement nous avons quittés pour en fin de soirée se retrouver dans un petit bar, cette fois-ci au coin de la rue, pour prendre une petite bière avant de se coucher- ou on s’assoie avec des hommes « intellectuels » pour discuter (ou sont les femmes??)– après un petit compliment que tu as un beau sourire on te demande si jamais tu as fait l’amour avec un Africain car il semblerait que c’est à ne pas manquer. Tout ça dans un périmètre d’environ 25 mètres – et je me demandais souvent, assise sur la terrasse de la maison bien entourer de murs, pourquoi le quartier était si bruyant ….

Et le samedi c’est la lessive et le ménage






– un peu de lecture et bien sur écrire mon blog.

Sunday, May 8, 2011

Monnè, outrages et défis de Ahmadou Kourouma

Je n’ai pas grand chose à dire cette semaine au niveau de ma routine boulot/dodo sauf que j’ai fini de lire le livre en titre – une satire de la colonisation de l’Afrique par les Blancs dont voici quelques extraits :


« …La semaine prochaine, un Blanc tiendra un comptoir à Soba. Chacun pourra y échanger son or et ses ivoires contre des billets de banque et des pièces de cuivre. C’est cela, l’argent du Blanc, qui aura cours dans toute la Négritie et remplacera vos cauris et pièces d’or. L’argent sera dur à acquérir pour un Noir; impossible pour un Nègre fainéant.»

« … Comme le besoin d’évoluer n’a jamais résidé dans la tête du Noir, il faut l’amener à vouloir la civilisation, à rechercher l’argent plus que le gibier, plus que l’amitié et sa fraternité, plus que les femmes et les enfants, plus que le pardon d’Allah. Et pour cela le Blanc a deux lois …. La première s’appelle l’impôt de capitation. Il sera demandé à chaque chef de clan de s’acquitter d’un impôt pour chaque membre du clan qui prend et lâche l’air. Cet impôt est l’impôt du prix de la vie … Soumaré démontra comment les chefs qui n’avaient pas d’argent parviendraient quand même à payer l’impôt du prix de la vie. Ils seraient enfermés dans des cases où on les enfumerait avec du piment et, si la toux ne parvenait pas à leur arracher l’argent, on mettrait des braises sous leurs pieds et dans leurs mains … Avec le piment et le feu ils vendront leur or … s’ils n’ont pas d’or, ils se sépareront de leur bétail; s’ils n’ont pas d’animaux, ils vendront leurs filles, leurs femmes, leurs cache-sexe. Tout le monde doit savoir qu’il est préférable de consommer de son totem plutôt que de refuser de payer l’impôt de capitation. Allah pardonne; le Toubab, jamais, au Nègre qui ne s’acquitte pas de son impôt. »

« … La deuxième loi du Blanc est la recherche du confort. Le Blanc « nazara » n’hésite pas à faire le bonheur de l’autre quand même celui-ci ne le désire pas. On ne circoncit pas sans mutiler et faire saigner. Les bienheureux seront les indigènes qui après le paiement de l’impôt de capitation auront de l’argent de reste pour se procurer du confort! Ils pourront se civiliser en achetant au comptoir : des miroirs, parapluies, aiguilles, mouchoirs de tête, plats émaillés et des chéchias rouges avec des pompons, plus belles que celles des tirailleurs … La France n’institue pas d’obligation pour les indigènes sans leur donner les moyens de les satisfaire. Pour gagner de l’argent, trois besognes sont offertes aux Nègres … La première besogne est le labour et la cueillette des produits de rente. Il sera demandé à chaque chef de clan, en même temps que l’impôt de capitation et avec les mêmes soins (c’est-à-dire avec le feu et le piment), de vendre au Blanc qui tient le comptoir des mesures de coton, d’arachide, de karité et de gomme. Celui qui n’a pas les quantités les aura quand même …. Les travaux forcés étaient la deuxième besogne qui permettait aux Noirs d’entrer dans la civilisation. Les réquisitionnés iraient travailler pendant six mois dans les mines, les exploitations forestières et agricoles des Blancs. Les travaux forcés n’étaient pas l’esclavage : les travailleurs seraient nourris, logés, vêtus et rémunérés. À leur départ, ils auraient un couvre-pieds; au retour, un pécule, c’est-à-dire de l’argent, qui leur permettrait de s’acquitter de l’impôt de capitation et d’acheter des miroirs et des aiguilles; autant de choses qui civilisent … la troisième besogne, la virile, la meilleure. Vous entrerez dans les tirailleurs … Les tirailleurs appartiennent aux bienheureux qui seront à l’ombre pendant tout le règne du Blanc. Vous serez les mieux nourris, les mieux logés, les mieux payés. Vous pourrez arracher aux autres indigènes leur nourriture, leurs bêtes et leurs femmes. Ce ne sera pas un péché : Allah pardonne les fautes commises par les hommes qui ont les armes et le pouvoir … »

« … Nous, les Noirs, nous avons été mal fabriqués : il faut nous chicotter au rythme des tam-tams pour nous faire travailler. C’est à se demander si Allah ne nous a pas créés après les autres races et par dérision. Ces dernières réflexions ne sont pas des dires du Blanc; elles sont mes propres exégèses…. »

« … - Merci, s’excusa Héraud, je ne veux ni de sang sûr, ni d’excisée : c’est Miriam que j’aime, désire et veux, et pas une autre.
- Mais une femme ne s’aime jamais avant, répondit le vieillard étonné. Une femme s’aime après un long usage, après qu’elle s’est montrée suffisante à notre service, après que ses calmes et humanismes ont valu plus que ceux des autres femmes, après qu’elle s’est révélée plus chaude que les autres. »

« … Ceux de Soba comme tous les Africains plus tard vivront l’ère des présidents fondateurs des partis uniques, dont certains décrèteront que tous les habitants du pays sont membres du parti et prélèveront comme la capitation des cotisations qu’ils feront encaisser sans attribuer ni carte ni acquit. Avec les fonds jamais comptabilisés ou contrôlés, au nom du combat sacré pour l’unité nationale, de la lutte contre l’impérialisme, le sous-développement et la famine, ils se construiront des villas de rapport, entretiendront de nombreuses maîtresses, planqueront de l’argent en Suisse et achèteront en Europe des châteaux où ils se réfugieront après les immanquables putschs qui les chasseront du pouvoir. Cette pratique, qui veut vivre en paix en Afrique, comme le boa sacré du village dormant dans le creux du baobab sacré, doit éviter de la dénoncer …. Le succès du progressisme fit les grandes manchettes des journaux d’Afrique et de Paris. Les éditorialistes constataient son avance et le recul du marxisme grâce au dynamisme du nouveau chef et à la foi des populations en Allah. L’Islam restait le meilleur antidote contre le communisme athée. »

« … Nous ne gagnâmes jamais chez nous; tous ceux qui moururent en mâles sexués furent oubliés. Ce furent les autres, ceux qui se résignèrent et épousèrent les mensonges, acceptèrent le mépris, toutes les sortes de monnew qui l’emportèrent, et c’est eux qui parlent, c’est eux qui existent et gouvernent avec le parti unique. On appelle cela la paix, la sagesse et la stabilité.
C’est là une des causes de notre pauvreté et de nos colères qui ne tiédissent pas. Le sous-développement, la corruption, l’impudence avec laquelle sont employés les mots authenticité, socialisme, lutte et développement, cet ensemble de mensonges et de ressentiments, qui révoltent, ont des causes profondes et nombreuses. Le jour qu’il nous sera permis de dire et d’écrire autre chose que les louanges du parti unique et de son président fondateur, nous les compteront et les conterons. »

« …La Négritie et la vie continuèrent après ce monde, ces hommes. Nous attendaient le long de notre dur chemin : les indépendances politiques, le parti unique, l’homme charismatique, le père de la nation, les pronunciamientos dérisoires, la révolution; puis les autres mythes : la lutte pour l’unité nationale, pour le développement, le socialisme, la paix, l’autosuffisance alimentaire et les indépendances économiques; et aussi le combat contre la sécheresse et la famine, la guerre à la corruption, au tribalisme, au népotisme, à la délinquance, à l’exploitation de l’homme par l’homme, salmigondis de slogans qui à force d’être galvaudés nous ont rendus sceptiques, pelés, demi-sourds, demi-aveugles, aphones, bref plus nègres que nous ne l’étions avant et avec eux. »

UN LIVRE À LIRE ISBN 978.2.02.034964.2 Éditions du Seuil 1990.

Bonne semaine à tous.

Sunday, May 1, 2011

Le Foutah Djallon

Cela fait 4 semaines que je suis en Guinée-Conakry et j’ai eu l’occasion de voyager un peu dans le pays pour assister à l’assemblée générale ordinaire de la Confédération des Organisations Paysannes de la Guinée.


Nous sommes partis de Conakry à 11h00 et pour faire une distance de 420km cela nous a pris 8h30min – soit environ une vitesse moyenne de 50km/heure – ça vous donne une idée de l’état des routes???? Et nous étions sur une des grandes routes nationales du pays avec un 4x4 Toyota presque neuf donc super bien équipé pour faire le voyage(et un très bon chauffeur Boulba)

alors j’imagine ce que doit être le trajet en taxi brousse ( mini bus 1970 super chargé) ou en camion poids lourds de marchandises (et quelques passagers au-dessus de cette marchandise).
On m’avait dit que le paysage est super beau et que la température plus fraiche qu’à Conakry – et c’est vrai mais il faut sortir de la ville d’abord.

Le paysage ressemble un peu au Canton de l’Est et le Vermont avec les montagnes, les vallées et les arbres feuillus (même si les espèces ne sont pas les mêmes) – et à ma grande surprise il y a même quelques pinèdes en Guinée – une importation des Français pour je ne sais pas quoi …. Mais là s’arrête la comparaison car il faut avoir des bons yeux pour voir cette belle nature – la pollution de la fumée est incroyable.



Les villages sont tous assez semblables avec leurs maisons rondes et toits en paille,




les produits maraichères à vendre sur le bord de la route et au marché, les hommes qui marchent avec le chapeau et les femmes qui les suivent avec le fardeau – d’autres hommes assis à l’ombre d’un baobab pendant que les femmes font la lessive ou prépare le repas et que les enfants jouent avec une roue ou tout autre chose qui pourrait les divertir – et il ne faut pas oublier les handicapés qui mendient pour une bouchée de pain et qui se font ignorer.
L’assemblée générale a durée 2 jours – avec quelques 50 participants/représentants des fédérations, coopératives et unions paysannes (incluant quelques femmes)

et ce qui m’a le plus marqué de ces deux jours est :
1) le protocolaire prend au moins 25% du temps avec les remerciements, les présentations du préfet et de son entourage « les très honorables blablabla », les discours tous un plus long que l’autre – au début ET à la clôture;





2) aucune, mais aucune stratégie financière ou budgétisation – des perspectives d’activités 2011 avec aucun estimé des coûts mais supportées par un manque à gagner en cotisations des membres par rapport aux besoins du support administratif de la Confédération – et la résolution, après plusieurs débats et suggestions de comment palier au déficit, est de maintenir le statut quo;
3) malgré cela c’est une organisation qui a plaidoyer fort pour avoir des sommes importantes (14 milliards de Francs Guinéen) du gouvernement pour la campagne agricole de 2011 qui permettra aux producteurs d’avoir des semences et des équipements pour labourer – c’est une organisation qui a aussi plusieurs bailleurs de fonds pour supporter les activités de renforcement des capacités et de micro projets des agriculteurs. C’est impressionnant ce que ce regroupement de paysans a réalisé.
Voilà ma semaine – je suis rentrée hier épuiser du voyage à 50km/heure, de la route 2 fois sinueuses car de sa nature la route est zigzagante dû aux montagnes mais aussi à cause des gigantesques nids de poules qu’il faut continuellement éviter.
J’espère que tout le monde se porte bien – donnez-moi de vos nouvelles.

Saturday, April 23, 2011

Une première semaine de travail.

Je sais que ça fait juste une semaine que je suis au boulot avec mon nouveau partenaire mais je sais déjà que mon expérience va être tout autre que ce que j’ai vécu l’an dernier.
Le fait d’avoir une structure professionnel qui m’appui (le C.E.C.I. Guinée) et un partenaire (Confédération Nationale des Organisations Paysannes de la Guinée) vraiment dynamique qui semble impatient de travailler avec moi (je n’ai pas 1 homologue j’en ai 3) pour améliorer leur gestion - est une différence remarquable et une motivation de travail vraiment énergisante. C’est encourageant de savoir qu’il existe des organisations qui peuvent s’organiser de façon professionnelle et qui veulent combler leurs insuffisances. Il y a beaucoup de besoins et du pain sur la planche mais je pense que ça va être très enrichissant.
J’arrive à la maison et je suis tellement fatiguée que j’ai à peine visité mon nouveau quartier (dodo au plus tard 9h00) alors aucune photo pour vous divertir car je n’ai rien fait de très intéressant à part le travail – une semaine de boulot/dodo.
Et honnêtement je n’ai pas tellement le goût de marcher dans le quartier – les conditions de vie sont assez déplorables et les odeurs nauséabondes alors quand je suis à la maison c’est comme j’oublie ou je suis. Car Conakry est situé sur une presqu’île, espace assez restreinte pour une population de 4 millions – et pauvre, pauvre, pauvre. La mer pourrait être un atout mais les plages ne sont pas nettoyées et on y évacue aussi plein de déchets de la ville – c’est assez triste merci. Donc maintenant que je ne suis plus à l’hôtel avec la piscine et une vue quand même agréable sur l’océan, que maintenant je suis confrontée avec la réalité de tous les jours de cette misère quand je me déplace pour le travail – je n’ai pas le goût de sortir, seule, pour faire quoi? J’ai l’impression des fois qu’autant que je suis heureuse d’être ici et que j’ai l’impression que je vais faire quelque chose de valable – autant je me demande ce que je fais ici dans cette misère de pauvreté dont je ne m’habitue pas.
La Guinée est un pays riche en ressources naturelles (aluminium, eau pour hydro-électricité, or, diamant, côte maritime pour tourisme etc.) mais c’est pire que le Burkina Faso en délestage (un sérieux problème de courant) car il n’y a pas de barrage même si un barrage a déjà été financé et inauguré (mais ou est passé l’argent pour le barrage car il n’y a pas de barrage??) – c’est aussi le 2e pays au monde en ressources bauxites (aluminium) mais tout le monde se demande bien ou en sont les bénéfices? C’est un pays qui a beaucoup d’eau et de pluie donc aussi très bon pour les cultivateurs (riz, maraichères, fruits, café, coton, karité) mais les coûts de production sont élevés, il y a peu de transformation, les routes ne sont pas très bonnes, pas de méthode de conservation et pas beaucoup d’exportation – donc il y a plein de nourriture localement mais elle ne se rend pas nécessairement là ou ils en ont de besoin i.e. à Conakry ou les gens ont faim.
La semaine prochaine je suis invitée à assister à l’assemblée générale du CNOP G à Timbi Madina dans la région du Foutah Djallon qui est environ 8 heures de route dans les montagnes de la moyenne Guinée et on me dit que c’est de toute beauté – alors c’est certain que je vais vous partager des photos.
Cette semaine je vous laisse avec un coucher de soleil – car ici on a des couchers de soleil contrairement à Ougadougou ou la lumière du jour s’éteint presque d’un coup.



À la prochaine

Monday, April 18, 2011

Ma nouvelle demeure

Me voilà installé dans une villa - secteur Camayenne à Conakry - et je dois dire que nous vivons en riche pour un loyer qui est une boucher de pain à comparer avec le voisinage - et en considérant les autres logements que j’ai visité. Donc d’un côté ce n’est pas tout à fait l’installation que je privilégierais étant seule (un peu trop richissime pour le contexte) mais je ne me plainderai pas de ce confort pour le prix payé qui comprend entre autre : l’air climatisé dans toutes les pièces sauf cuisine, une chambre très confortable (il y a 3 chambres en tout), un salon avec une TV écran géant et le cable , une salle à diner, une immense cuisine avec cuisinière et grand frigo, et une immense terrasse avec table et chaises. Comme salle de bain j’ai la salle de bain commune qui m’est destiné car les 2 autres colocataires ont leur propre salle de bain dans leur chambre. (Mais il ne faut pas se le cacher c’est quand même construit à l’africain – donc avec les moyens de construction disponible).
De plus il y a un super marché complet (Super Bobo) à 3 coins de rue ainsi qu’un kiosque de fruits et légumes et des restaurants tous dans le même coin – c’est presque le paradis à Conakry. Les appartements du coin sont à 3 500 Euros/mois et moi $350/mois – pas un mauvais deal même si je suis la petite dernière des colocs.







Mon premier soir c’était la fête d’anniversaire de Lucie (une des colocs) et elle avait invité de ses collègues et amis (une bonne quinzaine) – les femmes invitées (tous musulmanes) sont toutes costaudes et aiment la bière – entre elles, elles en ont bu une bonne cinquantaine – la fête.
Samedi – une journée de popote et lavage et un petit film en soirée.
Dimanche – grosse journée de repos à ne rien faire sauf écrire mon blog.
Lundi – première journée de travail. Taximan est venue me chercher pour 8h et à l'heure actuelle je vous transmet mon blog

Petite expérience de banque – signature non conforme.

Une petite expérience assez drôle quand je suis allée à la banque - il y a un commis qui vérifie les signatures apposées sur les retraits alors on me fait asseoir dans son bureau pour vérification - mais il est déjà occupé avec un autre client à qui la signature ne semble pas conforme. Pendant 10 minutes le commis discute avec le client comme quoi sa signature n'est pas conforme avec ce que la banque a en filière - en fait le commis lui montre la signature conforme et demande au client de resigner - pas 1 fois mais 3 fois car le client semblait avoir oublié sa signature. Le client n'a jamais pu reproduire la signature mais on lui a permis de toute façon à retirer son argent ....

De mon côté pas si facile - mon compte de banque est fait au nom de Brosseau (tel que mon passeport) mais je signe Nestor - 1er problème. Ma fiche d'ouverture de compte n'était pas encore scannée (car ici c'est un scan de ta pièce d'identité avec signature qui est affiché sur l'écran pour vérification)- 2e problème. - Le chèque que j'avais à encaissé était au nom de Nestor et non de Brosseau (3e problème) - donc 90 minutes plus tard avec permis de conduire et carte RAMQ j'ai pu prouver que j'étais bel et bien Brosseau Nestor - pas de problème mais pas facile.

Comme on dit ici tout le temps En Challah (Si Dieu le veux)- le prochain défis est de savoir si ma banque peut même me transférer de l'argent car rien ne semble très bien rôdé ici.

Mon prochain blog sera sur mon travail - les gens me semblent très réceptifs alors j'ai hâte de m'impliquer.

À la prochaine.

Thursday, April 14, 2011

Déménagement

Juste un petit mot.

Je déménage demain Vendredi dans une maison déjà occupée par deux autres coopérantes - me voilà donc un peu moins inquiète de mon proche avenir mais mon séjour dans cette maison ne sera que de 4 mois et ensuite ??? car le bail termine le 15 août. Cette date est un peu problématique car c'est le mois de vacance du CECI alors je n'aurai pas de support de leur côté quand j'aurai à me relocaliser - de plus c'est le mois de grosse pluie et on m'avise déjà qu'il sera difficile de trouver durant cette période car personne libère les lieux en août et encore moins durant l'hivernage qui commence en septembre. Et à savoir que seraont les loyers à ce moment-là ?$$$$$.

Je ne pourrai pas communiquer pendant quelques jours car je n'ai pas encore de clé internet - quand j'ai voulu m'en procurer une je me suis fait dire qu'ils ne sont plus disponibles pour au moins 10 jours - alors j'espère que mon partenaire a accès et que je pourrai trouver une autre solution vite.

Pour ceux qui m'envoi des messages sur mon blog SVP signer votre message car je ne connnais pas "anonyme" - merci.

À la prochaine.