Sunday, June 19, 2011

Chaque jour suffit sa peine

Alors j’ai déménagé dimanche et lors de mon dernier blogue je vous ai dit que la saison des pluies était belle et bien entamée et la misère noir pour ceux qui se font inonder. Devinez ce qui suit ….


Il y a eu une grosse pluie pendant des heures, les caniveaux ce sont bien remplis et à 3 heures du matin la cour et le rez-de-chaussée de la maison sont complètement inondés. On entend le vacarme des chaudrons qui tombent car ils sont empilés en hauteur et ne peuvent tenir car ils flottent, on sent une odeur nauséabonde, et les deux jeunes femmes qui aident Fatime avec la maison et sa petite fille sont complètement envahies par l’eau sale et insalubre et marche pieds nus dans la noirceur pour évaluer les dégâts car elles sont au rez-de-chaussée avec matelas au sol et donc les plus sinistrées. Toute la nourriture qui était au niveau plancher a aussi été gâtée. Fatim et moi sommes au deuxième étage alors seulement incommodé par la situation – mais ça pris quand même quelques heures avant que l’on puisse mettre pied à terre au rez-de-chaussée. Les jeunes ont fait venir des renforts (membres de leur famille) pour nettoyer les planchers, murs, rideaux et vêtements et ça pris toute la journée. N’étant plus très jeune a ses avantages car j’ai été épargné à participer au nettoyage – donc j’ai pu me rendre au travail en après midi. La seule chose qui a été pêché est une petite souris. Je peux vous dire que c’est impressionnant d’être inondé d’eau d’égouts (les caniveaux sont les égouts ici).




L'eau avait déjà baissée de moitié lors de la prise de photos et les tuiles sont d'un gris/blanc


Une autre expérience particulière – le lendemain de l’inondation on m’invite à me joindre à un groupe de collègues du bureau pour aller déjeuner (lunch) – près de l’aéroport. On se retrouve dans un petit emplacement ou le menu est en fait une variété de plats tous cuisinés à l’extérieur par différentes femmes (avec différentes installations plus ou moins désirable) et on est assis sur des bancs avec une table dans un container … oui oui dans un vieux container. J’aurais tellement voulu avoir ma caméra, mais faite vous-même un portrait mental et c’est probablement près de la réalité.

Les avantages de ma nouvelle demeure – je suis traitée comme une princesse car on prépare mes repas (et on fait les achats et la vaisselle), lave mon linge et nettoie ma chambre – donc les seules activités que j’avais sont maintenant pris en main. Il reste vraiment que dodo-boulot. Il semblerait que les personnes d’un certain âge ne sont plus supposées faire des tâches ménagères.

Un peu d’histoire pour vous sensibiliser.

Le Camp Boiro à Conakry, quelques coins de rue de ma demeure de la Camayenne (photo pas permise). Aujourd’hui ce camp a été complètement mis à neuf depuis 2008 et donc cache une histoire assez sombre et barbare. Ce camp a toute une réputation d’être un lieu de torture et de mort pour tous ceux accusés (justement ou injustement) de comportements inacceptables pour le régime de Sékou Touré (1958 à 1984). Ce camp était à ciel ouvert donc sujet à toutes les intempéries et les tortures étaient souvent sous forme de brutalités physiques et sexuelles et de famine (diète noire) ou les corps pourrissaient dans un enclos surpeuplé. Selon Amnistie International plus de 50,000 personnes auraient donné l’âme au camp Boiro et autres camps similaires en Guinée.

C’est de la petite bière comparativement à plein d’autres atrocités qui ont eu lieu en ce continent. Les multiples guerres civiles, les guerres entre ethnies et/ou religions, les génocides, les guerres de pouvoirs pour accéder à la dictature motivées par des intérêts propres, les famines délibérément causées ou ignorées, les ingérences capitalistes et communistes, les mensonges, la corruption et accumulations de fortunes personnelles au détriment des peuples, l’aide humanitaire détournée pour l’achat d’armes, la pandémie VIH/SIDA trop longtemps réfutée etc. ont occasionnés des dizaines de millions de morts dans les derniers 50 ans.

La plupart des pays Africains ont un niveau de vie inférieur à celui de 1980 et parfois même inférieur à 1960. La moitié de sa population de 880 millions vie en deçà du seuil de pauvreté; contribution économique du continent entier est de 1.3% de PDB du monde soit moins que le Mexique; c’est le seul continent ou l’analphabétisme est encore chose courante; les 25 pays qui figurent aux rangs les plus bas sur la liste IDH (Index du Développement Humain) des nations unies sont de l’Afrique – et ce malgré les plus de $300 milliards US et plus investis.

Comment l’Afrique va s’en sortir avec ces apprentissages et qui continue à souffrir de comportements encore redoutables dans bien des coins? Si quelqu’un a la réponse j’aimerais bien la connaître.

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